Le tricot urbain, Quésako ?
Cette pratique née au États-Unis est une manière d’investir l’espace public en utilisant les arts du fil. Tricoter pour recouvrir un banc, un arbre ou un panneau, tisser ou broder sur un grillage, les possibilités sont infinies.
Dès les années 80, le mouvement Women’s Pentagon Action utilise les arts dits « féminins » comme le tricot et le tissage pour manifester contre le nucléaire, contre la guerre, le tout dans une action positive. En tissant des toiles d’araignée autour du Pentagone, les femmes présentes manifestent leur volonté d’apparaître dans l’espace public & surtout celle de cesser les activités néfastes à la vie. Plutôt que la destruction, elles visent la construction de liens entre elles, littéralement symbolisés par les fils utilisés lors de cette grande manifestation.
Un appel à contribution est lancé : de nombreuses femmes participent pour créer des témoignages & rendre hommages aux personnes qu’elles ont perdu à cause d’une guerre, d’un accident nucléaire, etc. Au-delà de la question esthétique, cette pratique des arts est au service d’une idée : manifester la vie, l’honorer, créer pour le vivant, plutôt que de s’obstiner à renforcer la guerre en détruisant.
Ces différentes manifestations vont peu à peu donner des idées à d’autres femmes et devenir une véritable pratique artistique : le yarn-bombing, littéralement « attentat à la laine ». Comme le graffiti, le tricot urbain est une pratique artistique dérivée des arts urbains, qui frôle gentiment avec le vandalisme lorsqu’il n’est pas réalisé en accord avec les pouvoirs publics.
Au fil du temps, nous avons vu fleurir bon nombre de créations tricotées dans l’espace urbain. Le Café tricot de Gensac mène depuis quinze ans son projet de tricot urbain au coeur du village. L’installation est visible tout l’été, à partir du week-end du festival du Mouton Ivre, avant d’être enlevé en septembre pour réapparaître l’année suivante.
Pour Noël, le Café Tricot de Gensac a également réalisé un sapin géant entièrement tricoté par ses membres. Installé place de l’hôtel de ville, derrière le beffroi, il a eu un véritable succès sur place comme sur la toile !
